dimanche 16 juillet 2023

Rimes et sons

On ne sait pas grand chose sur Ernst Erdmannsdörffer, qui soutînt une thèse sur les rimes des Troubadours en 1895, et la publia, avec un titre modifié, en 1897. Sa seule biographie connue est son œuvre, en latin, une Vita qui tient sur moins d'une page de ses Reime der Trobadors de 1895. On y trouve sa date et son lieu de naissance, le 27 janvier 1870 à Łuków (Luckau en allemand, nous utilisons le blason de cette ville sur la page de couverture), en Basse Lusace (Royaume de Prusse), et le nom de ses parents. Rien sur sa vie après 1897 n'est accessible en ligne. 

La thèse d'Erdmannsdörffer est que l'étude des rimes permet de restituer la prononciation de l'occitan ancien. La première publication a été fortement critiquée par Edmund Stengel (Kritischer Jahresbericht über die Fortschritte der romanischen Philologie) et par la rédaction de Romania (les articles sont inclus dans cette édition).

Le titre de la version définitive devient Reimwörterbuch (dictionnaire de rimes). La critique de cette édition par Oskar Schultz-Gora dans le Literaturblatt für germanische und romanische Philologie (également incluse dans cette publication) est moins négative. Le livre est régulièrement mentionné dans des bibliographies, même récentes, ce qui laisse supposer qu'il n'était pas si mauvais que ça.

Cliquez ici pour lire ou télécharger le Reimwörterbuch der Trobadors d'Ernst Erdmannsdörffer (n°125 des Documents pour l’étude de la langue occitane) sur le site de l’IEO Paris.


vendredi 28 avril 2023

La langue des troubadours était-elle d'origine celtique ?

Dans le second quart du XIXe siècle, les troubadours sont à la mode jusqu'en Belgique. Un concours est organisé en 1843 avec pour sujet la langue et la littérature de ces troubadours. Van Bemmel invente une origine celtique à la langue d'oc. Le jury l'élimine et partage le prix entre Charles de Laveleye (voir Histoire de la langue et de la littérature provençales, DELO n°68) et Aloys De Closset (à paraitre). Van Bemmel est cependant récompensé par la commune de Bruxelles, ce qui lui donne de quoi revoir son travail et de le faire imprimer en 1846. Cependant, le résultat n'est pas meilleur d'un point de vue scientifique. Les Van Bemmel sont des notables flamands francisés. Eugène enseigne en français en école normale. Il vouera cependant une partie de son activité à protéger les droits de son ethnie flamande. Il participe à la création de l'association Vlamingen Voruit en 1858 et écrit la même année une Déclaration des droits des Flamands qui a un certain écho. Les Van Bemmel sont une famille aristocratique arrivée de Drenthe dans les années 1600. Van Bemmel est surtout connu par sa talent de vulgarisation de la matière belge, avec la série Patria Belgica et la Revue trimestrielle, ainsi que pour son enseignement de la littérature. Van Bemmel est aussi connu par son adhésion à l'athéisme et pour son militantisme laïc, qui détonnait dans un État créé pour séparer les catholiques belges des protestants néerlandais. Il organisa las obsèques civiles de sa femme, morte jeune et fut lui-même enterré civilement. Cliquez ici pour lire ou télécharger De la langue provençale d'Eugène Van Bemmel (n°124 des Documents pour l’étude de la langue occitane) sur le site de l’IEO Paris.

dimanche 21 août 2022

Les isoglosses ça sert, d'abord, à tuer les langues

Farouche ennemi de l'individualité de la langue occitane, et par conséquent des savants "montpelliérains"
Charles de Tourtoulon et Camille Chabaneau, Paul Meyer, savant né à Paris, était d'origine alsacienne, mais a toujours professé une idéologie suprématiste française (un pays, une langue), à l'instar de son ami Gaston Paris. En 1895, Paul Meyer publia dans Romania un article sur la division de l'occitan (qu'il nommait provençal) en deux moitiés, la plus septentrionale en cha/ja contre la plus méridionale en ca/ga. Il a publié un supplément dans le volume de 1901 de la même Romania. Pour ce faire, Meyer n'a fait de recherche de terrain, mais a utilisé les anciennes chartes et certaines cartes. Les données sont incorrectes en raison des sources choisies. Comme l'ont prouvé Charles Bonnier et d'autres (mais Bonnier a été mis à l'index par Meyer et mérite une mention spéciale*), le texte des chartes ne peut pas refléter la langue parlée d'une région spécifique. Cela dépend des scripta qui peuvent inclure des caractéristiques locales, mais en général, nous n'avons aucune idée des personnes qui ont réellement écrit ou copié les textes. D'autre part, la toponymie qu'il a utilisée n'était pas si précise et peut parfois ne pas refléter des changements survenus dans la limite entre les deux zones. Deux grandes villes d'Occitanie "du Sud", Brageirac (ou devrait-on écrire Brajairac) et Aurenja (Bergerac et Orange en français) ont dans leur nom le g>j typiquement nord-occitan. 

Cliquez ici pour lire ou télécharger c et g devant a en provençal. Étude de géographie linguistique de Paul Meyer (n°123 des Documents pour l’étude de la langue occitane) sur le site de l’IEO Paris.

* À propos de Bonnier, voir Vincent Balnat. « Charles Bonnier (1863-1926), un philologue européen de la Belle Époque. » Zeitschrift für romanische Philologie, De Gruyter, 2020, 136 (2), pp. 337-371, disponible sur HAL: https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02945788/document.

mardi 9 juin 2020

Un protestant français occitanisé


Louis Piat est un protestant luthérien issu d'une famille enracinée en Seine-et-Marne. Il prit contact avec l'Occitanie pendant ses études: collège à Nérac, théologie à Montauban. Il se tourna cependant vers les langues exotiques (cinq diplômes des Langues Orientales) ce qui lui permit de faire carrière dans la diplomatie.

Son intérêt pour l'occitan le mena à produire dans notre langue des traductions du grec ancien et du persan, dans l'Armana prouvençau et ailleurs. C'est peut-être le manque d'outils qui le poussa à rédiger ce dictionnaire français-occitan qui ambitionna de "retourner" le Trésor du Félibrige, ainsi qu'une grammaire. Il fut l'un des premiers, aussi, à choisir délibérément un nouveau mot, occitanien, afin de réserver les mots languedocien et provençal à des dialectes.


Cliquez ici pour lire ou télécharger le volume 1 (A-D), le volume 2 (E-O) et le volume 3 (P-Z) du Dictionnaire français-occitanien de Louis Piat (n°120, 121 et 122 des Documents pour l’étude de la langue occitane) sur le site de l’IEO Paris.

vendredi 27 décembre 2019

La langue du Limousin


Camille Chabaneau est un périgourdin de Nontronh. En parallèle de son travail à la Poste (à Angoulême et Cognac), ses nombreuses études sur l'occitan ancien en font le spécialiste incontournable de la matière. C'est ainsi qu'il obtient une chaire à l'Université de Montpelhièr en 1877. Sa synthèse sur le limousin paraît dans Le Limousin puis dans la Revue des langues romanes, avant de faire l'objet d'un tirage à part enrichi par Alfred Leroux. La critique qu'en fait Paul Meyer dans Romania est anecdotique: Meyer refuse la partition de la Galloromania, une position négationniste encore tenue au XXIe siècle par l'Académie française. Les nécrologies de Chabaneau (par Jean Daniel) et Leroux (par Antoine Thomas) rappellent l'étendue de leur contribution à l'étude de la langue et du patrimoine historique du Limousin.


Cliquez ici pour lire ou télécharger La langue et la littérature du Limousin de Camille Chabaneau et Alfred Leroux (n°119 des Documents pour l’étude de la langue occitane) sur le site de l’IEO Paris.